Du diamant pour Germaine et Jean !

Retrouvez le mot du maire, prononcé à l’occasion des noces de diamant de Jean et Germaine Jungling …

 

« Du diamant pour Germaine et Jean !

Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue dans notre salle du centre socioculturel. Témoin privilégié, cette salle est chargée de l’histoire de tous ceux qui sont venus y vivre un moment inoubliable, fêtes de famille, mariage, anniversaires, comme celui que nous vivons aujourd’hui. Mais cette salle, nous vous la devons un peu, en effet c’est vous qui avez négocié son achat et avez commencé à la transformer en salle des fêtes, pour le bien-être de la population.

Madame et Monsieur Jungling,

Oui, bien qu’ayant côtoyé durant de nombreuses années, et ce pratiquement journellement, Jean Jungling, je n’ai jamais pu le tutoyer…malgré toute l’estime que j’ai pour lui !

Explication pour les rares personnes ici présentes qui ne connaîtraient pas notre parcours commun : j’ai été le collaborateur direct de M.Jungling, maire durant trente années, en tant que secrétaire de mairie. C’était mon patron, et à l’époque on gardait ses distances ….

Donc, aujourd’hui, pour nous tous ici rassemblés, il s’agit de fêter un couple qui, il me semble, bat un record, pour notre commune, celui de la plus longue union d’un homme et d’une femme, soit 60 années ! Cela s’appelle des noces de diamant ! quel joli nom. Pourquoi nos anciens ont choisi ce nom pour désigner une très longue union ?

Le mot diamant vient d’un adjectif latin et grec qui voulait dire : inflexible, inébranlable. « Le terme qualifie initialement un état d’âme indomptable avant de désigner les métaux les plus durs avec lesquels sont forgés les armes et les instruments des dieux , comme le casque d’Hercule, la faux de saturne … » Voilà ce que j’ai retrouvé sur un ancien livre de classe !!

Fêter une union heureuse de 60 années est un privilège très rare dans la vie d’un couple. C’est l’expression d’une union particulièrement solide. Car pour traverser toutes ces années, il en a fallu de la compréhension et de la tendresse ! vivre à deux, ce n’est pas seulement le tête-à-tête souriant du premier jour, la noce ne dure qu’un jour, le temps de la vie, lui, dure beaucoup plus longtemps, avec son lot de joies mais aussi d’épreuves et de difficultés

Par conséquent, vos noces de diamant, c’est vraiment du solide, du beau, du rare, en tout cas c’est la 1ère fois que l’on fête une telle longévité, ici, à Elzange, de mémoire d’hommes.

Revenons à vous. Après enquête je vais révéler ce que vous vous savez, bien sûr, mais ce que beaucoup des personnes ici présentes, ignorent.

Comment Jean et Germaine se sont-ils connus ?

Eh, bien grâce à un cheval…oui, un cheval tout blanc, répondant au joli nom de Fanny.( c’était peut-être plutôt une jument…). C’était en l’an de grâce 1952 »Le Jean » avait 24 ans, et une fois par semaine, pour travailler à la Cité, il venait chercher Fanny ( le cheval), à la ferme Zech, rue de la Scierie. Et au bout d’un certain temps, il remarqua «  une jolie brunette », (ce sont ses propres paroles) qui chaque fois se trouvait par hasard près de l’animal quand il venait le chercher. Chose curieuse, c’est toujours à cet instant qu’elle avait fini de traire et qu’elle sortait de l’étable ! Bien entendu, vous avez deviné la suite, Germaine, la jolie brunette, réussit enfin à se faire remarquer du grand jeune homme au cheval et la suite, je ne vous la dirai pas…Mais, la séduction porta ses fruits, puisque quelques mois après les apparitions de l’homme au cheval, celui-ci, ayant revêtu le « dimanche-costume », se présenta un beau matin, non pas pour parler à Fanny, mais pour demander la main de Germaine à son papa. Celui-ci, avec un sourire malicieux lui confirma qu’il avait depuis le début remarquer le manège des deux tourtereaux et qu’il était heureux de confier sa petite dernière à un gars du pays, puisque renseignements pris, il savait que Le Jean habitait le village voisin de Buding et que c’était « un bon gars ». Aussitôt dit aussitôt fait et la noce eut lieu le 28 avril 1953, il y a 60 ans jour pour jour, ici à Elzange.

M.Jungling, être à vos côtés aujourd’hui, en ce jour symbolique, est pour moi un plaisir sincère, un certain honneur même. Vous avez consacré une partie de votre vie au service de vos concitoyens : 42 ans au conseil municipal, dont 30 ans de maire, durant lesquels nous avons travaillé ensemble.( Et rigolé aussi …)Nous en aurions des anecdotes à vous raconter, de drôles de mariages…Redevenons sérieux .

Lors de vos noces d’Or, il y a 10 ans j’écrivais «  Vous êtes une figure connue et appréciée dans cette commune, qui vous doit bien des réalisations. », je confirme 10 ans après. Je ne veux pas trop allonger mon allocution, et ne citerai que, p.e. l’arrivée de l’eau au village, l’assainissement, l’achat de cet ensemble où nous sommes, la modernisation de la mairie etc

Je n’oublie pas Germaine, car « derrière un grand homme, il y a une femme », oui, merci madame d’avoir prêté votre moitié aux Elzangeois…vous qui, tout en étant une aide à la ferme, avez élevé 3 enfants, Chantal, Solange et Firmin, qui à leur tour vous ont donné 3 petits enfants et 2 arrière petits enfants. Bravo !

Je peux continuer ou bien vous en avez marre ?

Bon si vous tenez le coup, je peux vous raconter un moment de la vie de notre jubilaire, qui n’est pas un évènement heureux, et qu’il m’a rappelé lors de notre dernière rencontre.

C’était durant la dernière guerre, la Moselle était occupée et redevenue allemande. Jean vivait avec sa famille à Buding. Son frère aîné comme bien des Mosellans entre 18 et 30 ans étaient enrollés de force dans l’armée allemande. Mais à l‘occasion d’une permission, il n’a pas voulu repartir à la guerre sous l’uniforme allemand et s’est caché dans une ferme amie. La gendarmerie allemande s’est alors présentée chez les parents du « déserteur » pour avoir des nouvelles sur le disparu. Bien entendu personne ne savait où il était passé. Furieux les Allemands emmènent le papa et le jeune frère, en l’occurrence Jean âgé de 15 ans, les interrogent dans l’école juive et devant leur mutisme les enferment dans une cave durant 3 jours et 3 nuits, et les condamnent à être fusillés !! Imaginez un peu la tension du jeune gamin et du papa… Heureusement, au dernier moment, juste avant d’être emmenés devant le peloton d’exécution, contrordre : relachez les prisonniers !!!

Que s’est-il passé ? On ne sait rien, peut-être comprenant que la guerre allait se terminer, ont-ils eu peur des représailles ? Enfin le principal était la liberté, n’est-ce pas M.Jungling ?

Bon, après cette anecdote triste mais qui finit bien, sourions, soyons heureux.

Madame et Monsieur Jungling, je vous adresse, au nom de mes adjoints, des conseillers, et je pense des Elzangeois en général, toutes mes félicitations et tous mes vœux de bonheur. Je vous donne rendez-vous dans dis ans pour fêter vos noces de platine.

Veuillez accepter ces modestes souvenirs de la part de la municipalité.

Et je vous souhaite, à tous, de prolonger cette journée dans la gaîté et la convivialité. »